Dernière scène pour moi sur le tournage du Paradis du Bart ce dimanche 19 décembre 2005. Une journée de grand froid, surtout sur les lieux du "set": à Tokushima, sur l'île de Shikoku, à 2h50 de Kyoto (2h50 à l'aller et 2h10 au retour...le chauffeur était pressé de rentrer, nous êtions presque mort 2 ou 3 fois sur le chemin du retour, mais ce n'était pas du cinéma).
Une journée de tournage, ça démarre tôt, levé à 5h40 pour être à la gare à 6h30. Puis l'enrôlement façon armée débute: on signe, on se met dans le bus à côté d'un compagnon de voyage. Je suis tombé sur un jeune Hollandais fort sympathique, prof d'anglais comme 85% des figurants, mais volontaire, dans une communauté peace du sud de Kyoto où il peut toucher un peu d'argent de poche pour payer sa bière du week end. Mais les discussions tiers-mondiste dans un mini-bus à 7h du mat', c'est pas trop mon truc.
Pause pipi sur Awaji Shima, une île entre Honshu et Shikoku en face d'Osaka et Kobe avec l'un des
ponts suspendus le plus long du monde. Il y a plus moche comme station d'autoroute mais si
vous louez une voiture et que vous passez dans le coin, il faudra payer 5000円 pour la traversée de la petite île.
Arrivée au camp, c'était une peu le souk. Les figurants présents les derniers jours devaient récupérer leur uniforme de prisonnier/marin. Les techniciens nettoyaient la neige des toits, la scène étant censée se passer en été... Pour ceux qui comme moi n'avait pas encore de sac, il a fallu attendre, et attendre. Finalement habillé et installé à une place stratégique autour d'une boîte en métal à charbon pour nous chauffer les mollets avec un autre Français, la matinée est passée relativement vite sans s'apercevoir qu'une partie du tournage s'était faite sans nous.
Légère agitation autour de midi. Il y avait sur le camp, une cuisine de fortune avec des chefs ressemblant à de vrais chefs avec de la vraie nourriture, pas en boîte et pas froide. Ce n'était pas pour les pauvres "extra" que nous sommes, mais pour les quelques stars Allemandes et Japonaises du film, dont Bruno Ganz, LA star, l'énigme, l'homme que l'on ne voit pas sur le tournage tellement il est cher. Mais je pondère mes propos et ne veux pas vous racontre les potins que j'ai appris sur le film.
Ah, si vous voulez en savoir plus ? Alors voilà les choses qu'il faut savoir sur le Paradise of Bart (mais qui est ce Bart d'ailleurs ??):
-Bruno Ganz serait super chiant, il faut se cacher pour sortir son appareil photo quand il est là car aucune photo de lui ne doit circuler. Certains disent qu'il est sympa et parle même français (il est Suisse, ça m'étonnerait pas) mais que ses nombreux assistants sont paranos. Et il n'a pas terminé son riz et sa viande en sauce. Certains disent qu'il n'était pas là ce dimanche.
-L'un des acteurs Allemands inconnus a joué dans Derrick. Un figurant germanique fut très choqué d'apprendre que l'on doit subir cette série en France aussi et demande "pardon Frankreich". Il m'a tout de même appris que Derrick était mort, en tout cas en Allemagne.
-L'autre acteur Allemand inconnu, le beau gosse de service de la production, n'a pas arrêter de
draguer une actrice/figurante Australienne. Peut être acteur, mais très mauvais dragueur, sous les yeux de figurants français hilares (photo).
-Si vous voyez ce film au jour, dites-vous bien que l'ensemble des figurants est une grosse bande de charlots qui, au fil des journées de tournage ont compris que les directeurs Japonais allaient droit dans le mur en nous demandant de jouer des prisonniers Allemands qui doivent forcément fumer je ne sais quoi, ou boire pour gesticuler comme ça
sur la 9ème symphonie de Beethoven ou en chantant des chansons ridicules dans la forêt en coupant du bois.
Vous noterez également un nombre importants d'anachronismes: montre en métal au poignet des prisonniers de guerre, gants en laine pendant l'été, etc...
-L'orchestre joue vraiment de la musique et on peut leur dire "chapeau". Parce qu'avec un vent et une température proche de 0, tenir son violon ne doit pas être facile. En même temps, quand le son de la sono (il y avait un CD qui tournait pour leur donner le rythme) baissait, les mauvaises notes se faisaient mieux entendre. Voilà une petite vidéo prise au périple de ma vie (en phase de test caméra, c'est pour ça que les villageois de 1918 portent de grosses doudounes).
J'espère que la magie du montage sauvera le tout. En tout cas, entre francophones, on a sauvé notre après-midi. Après une grosse heure de prises de vue d'un orchestre et de la foule en délire, on s'est vite mis à l'abri, façon tire-au-flanc d'une armée en débacle et je dois dire que j'ai bien apprécier les nombreuses discussions grivoises dans ma langue maternelle avec d'autres figurants très sympas que j'aurai plaisir à revoir. Je comprends que la France (et la Belgique) n'a pas gagné beaucoup de guerres si les soldats se comportaient comme nous. En tout cas, les Allemands restaient motivés dans l'orchestre (je parle du film) et les Anglais se moquaient de nous; le monde est ce qu'il est.
Le tournage se termine cette semaine. Le film devrait sortir en Allemagne et au Japon en mai/juin. Vous pouvez regarder les photos des précédentes journée sur le tournage dans la galerie consacrée. Pour les autres rapports:
-Paradise of Bart set-1
-Nouvelles du tournage set-2 (vidéo !)
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