Découvrir les Arts du Japon, c'est plonger dans le Japon et sa culture. Chaque page du dernier gros livre que j'ai acheté, Collecting Japanese Antiques, le rappelle ou le font découvrir. Encore mieux qu'un livre, les antiquaires eux-mêmes. L'antiquaire typique de Kyoto semble avoir 60 ans, il est installé à l'arrière de sa boutique de trésors, fume beaucoup dans un fauteuil très bas et vous invite à parler avec lui pendant des heures.
Un katana comme d'autres antiquités, peut être intéressant par son histoire. Ici un sabre de l'époque Kamakura, qui a bien vécu. Un petit trou dans sa lame, l'impact d'une flèche, témoigne d'un difficile combat. Une légende à lui tout seul. On cherche dans un recueil le nom du forgeron. Il est mort il y a 650 ans mais est très bien noté et son oeuvre a traversé les siècles.
Et il y a les autres, richement décorés. Sans guerre, on pouvait y passer du temps et se faire faire un bijou à porter en ville. Ce n'est plus une arme, c'est une réponse aux comportements, à la posture, au sens de certaines choses.
Oui, les Katana expliquent pourquoi les voitures roulent à gauche au Japon (on en avait déjà parlé sur ce blog, quelqu'un se souvient ?). Ce n'est pas tout. Avec les Katana, vous saurez pourquoi on se met en position assise au sol comme on le fait, dans les arts martiaux ou lors de la cérémonie du thé (pour éviter que son katana se dégaine et tombe au sol, toujours rester droit).
Les lames, les poteries, les fourreaux, les feuilles de thés, les nacres, c'est du pareil au même. Des bouts de l'identité japonaise qui se perdent certainement, mais que l'on peut toujours observer si l'on fait attention. Mais comme me l'a dit cet antiquaire hier, le responsable du mauvais tournant du Japon, c'est le Commodore Perry. Quel amusement d'entendre: «Qu'est-ce qu'on était bien sous Tokugawa !» et «Ah, si la France et Jules Brunet avaient plus fait pour le Japon, on en serait pas là !» (Pour en savoir plus sur Jules Brunet, lire le très intéressant article du blog ofrancemi sur cette histoire méconnue).
Une lame ne sert pas qu'à couper des têtes, mais peut permettre aussi d'avoir une riche discussion.
Merci beaucoup pour cet article.
Je ne connaissais pas Jules Brunet et l'histoire qui va avec.
Je viens encore d'apprendre une chose très intéressante.
Rédigé par : Pahluna | 09 mai 2008 à 16:20
Très interessant!
J'ai déjà eu l'occasion de consulter un ouvrage relatant les modes opératoires pour aboutir à un katana de cette qualité. Je dois reconnaitre avoir été impressioné par le nombre et la spécialisation des corps des métiers : le polisseur, l'affuteur, le forgeron, etc. Cette chaine artisanale perdure encore je crois sur la région de Kyoto.
J'adorerai observer un forgeron ou un affuteur. Ne serait ce que pour échanger avec ces artisants porteur d'une véritable tradition et d'un savoir-faire unique
Merci pour cet article !
Rédigé par : KIJI | 09 mai 2008 à 17:17
Super article, merci.
Le petit détail qui tue (c'est le cas de le dire) dans cet article, c'est pour moi le trou dans le sabre. (me demandez pas pourquoi!)
Je me souviens avoir vu un documentaire tv sur la construction d'un katana japonais de qualité. De mémoire: le minerai utilisé pour faire les meilleures lames ne se trouve que dans une seule région du japon, la lame est composée d'une âme souple et d'un "enrobage" plus rigide (l'alchimie des deux consistant à permettre que la lame amortisse les vibrations engendrées par les coups, en pliant mais sans casser), l'homme qui l'affutait était le descendant d'une vieille famille de hauts fonctionnaires tokyoïtes, et disait s'être sévèrement coupé à de nombreuses reprises durant sa carrière. Enfin, du coté de ceux qui utilisent la lame pour pratiquer l'art du combat au sabre : si vous voyez une personne utiliser un vrai sabre qui tranche et peut blesser à mort hors de son fourreau, c'est que son niveau de dextérité est tel que son maitre lui fait suffisamment confiance pour lui autoriser cette folie.
Rédigé par : houbahop | 11 mai 2008 à 05:30
houbahop: je suis de ton avis, cette histoire de l'impact d'une flèche dans la lame, c'est ce que je retiens également !
Rédigé par : Thomas | 11 mai 2008 à 22:22
J'avais entendu que le dernier samourai etait base sur une histoire francaise. Tres interressant ce petit passage de l'histoire et la vision de cet antiquaire: «Qu'est-ce qu'on était bien sous Tokugawa !» et «Ah, si la France et Jules Brunet avaient plus fait pour le Japon, on en serait pas là !», on se demande comment Jules Brunet pouvait en faire plus et on se demande aussi qui est responsable du retard technologique du Japon a l'epoque^^?!Amis de se remettre en cause, bonsoir!
Ce qui me fait penser aux nationalistes, alors que j'etais a Kyoto cette semaine j'avais l'impression qu'il y avait plus de nationalistes qu'a Tokyo. Beaucoup de pollution sonore des petites camionettes... Mais je garde neanmoins, un tres bon souvenir de mon sejour a Kyoto et repasserais suremment pour couvrir le reste de la ville^^.
Rédigé par : JIM | 11 mai 2008 à 23:39