J'avais découvert et acheté le livre de Jean-Louis Margolin, L'armée de l'Empereur, violences et crimes du Japon en guerre (1937-1945). Un sujet complexe où la documentation ne manque pas en japonais et en anglais. Une initiative donc bienvenue de la part de cet auteur, à destination du public francophone désireux d'en savoir plus sur cette partie de l'histoire du Japon.
Je passe les reproches faits à l'auteur lui-même, mais voilà ce que des historiens français japonophones critiquent sur le livre:
-Relativisation par Margolin des trois crimes du Japon les plus graves et les mieux attestés par les historiens: le massacre de Nankin, l'esclavage sexuel et le trafic de drogue en Chine. Ci-dessous, un extrait tiré du livre:
Avec le massacre de Nankin, les comfort women (prostituées militaires) sont aujourd'hui le méfait du Japon en guerre le plus discutés et le plus dénoncé. (..) Et pourtant, bien plus que dans le cas de Nankin, l'affaire, jusqu'aux alentours de 1990, n'avait nulle part suscité beaucoup d'intérêt (...). Et pourtant encore, les victimes concernées ne furent pas extrêmement nombreuses: 200 000 au maximum, plus vraisemblablement entre 50 000 et 100 000.
Certes, la suite du texte et du livre en général avec son catalogue de crimes divers et macabres ne minimise pas les faits commis par l'armée japonaise pendant la guerre, mais ayant appris que ce travail semblait rejeté par des historiens japonophones, il me semblait utile d'en parler ici:
On aurait apprécié plus de rigueur, ainsi qu'une véritable mise en perspective des débats historiques. (...) cet ouvrage ressemble trop à un catalogue d'atrocités sans analyse. L'on aurait apprécié que le mécanisme de la violence de guerre soit annalysé (...) Ouvrage utile, donc, pour celui qui possède une certaine connaissance du sujet, mais que le néophyte devra manier avec précaution.
Franck Michelin, dans la revue Histoire.
Auteur du livre qui "fait débat", je tiens quand même à signaler:
1)que le commentaire en question a été publié, non dans la revue "L'Histoire", mais dans la revue "20e siècle" - qui m'a d'ailleurs accordé un droit de réponse étendu dans son dernier numéro, où je souligne que mon projet était exactement l'inverse d'une relativisation des crimes de guerre japonais;
2)qu'à ma connaissance ces critiques graves n'émanent pas "des historiens français japonophones", mais du seul Franck Michelin. Des dizaines d'autres commentateurs ont été favorables à mon livre, qui a reçu d'un jury composé de certaines des sommités historiques françaises le prix Augustin-Thierry 2007.
Maintenant, à chacun de se faire son idée !
Rédigé par : Jean-Louis Margolin | 13 mai 2008 à 20:13