J'aurais pu choisir comme titre, "Le Japon, une drôle de démocratie", mais il a déjà été utilisé sur le blog d'une pro de la question. A lire ici pour en savoir un peu plus sur la politique japonaise.
Depuis plusieurs jours, j'ai l'impression que les choses bougent plus que d'habitude. Comme je l'avais déjà évoqué, le gouvernement a changé il y a quelques temps et le nouveau Premier Ministre, Abe Shinzo, ne semblait pas être du genre progressiste rassurant.
Son dada à lui, c'est la fierté en son pays, et il veut l'inculquer à chaque petit japonais à l'école. Pour cela, il a fait voter une loi pour inclure dans les programmes des mesures qui permettront le respect des traditions et de la culture japonaise. Dit comme cela, ça peut-être tentant.
Même moi, je n'ai pas envie que chaque japonaise se transforme en fille ultra-maquillée provocatrice avec un cerveau de la taille d'un sushi (ça, c'est pour celle qui se maquillait à côté de moi dans le train ce matin) et je ne veux pas non plus que chaque homme deviennent un pro du pachinko le matin qui dépense sa cagnotte dans les bars à hôtesses le soir (ça c'est pour les dizaines de types que je vois le matin en allant travailler).
Non, assurément, on veut voir des geisha, des machiya, des kimono, etc...
Mais cette loi, elle a comme une mauvaise odeur. Comme par hasard, le Premier Ministre veut doter le Japon d'une véritable armée. Sur ce point, je ne suis pas vraiment en désaccord. Le Japon est assez grand pour disposer de sa défense. Si cela peut l'aider à ne pas dépendre totalement des USA et à peser plus lourd en Asie.
Mais l'odeur, elle vient également des problèmes qui surgissent dernièrement. On change donc la loi sur l'éducation dans une période où le nombre de suicide d'éléves du collège et du lycée est impressionnant. Tout a commencé avec un enfant qui souffrait des moqueries いじめ de ses camarades. Il s'est pendu. D'autres enfants ont vu dans cette mort une solution fatale et on fait de même.
Pour ne rien arranger, un proviseur s'est donné la mort. Dans son école, les programmes scolaires en histoire n'étaient pas respectés.
いじめ いじめ いじめ いじめ いじめ
Un proviseur peut se suicider, c'est un bel exemple pour ses élèves.
Ne pas faire face aux problèmes, ne pas en parler. La honte suprême. Tout est bien difficile à comprendre pour un Occidental.
Mais ne vous trompez pas, les Japonais eux-mêmes ne comprennent pas.
Mais cela continue, le Ministère de l'Education Nationale affirme avoir reçu 27 lettres d'élèves promettant de se suicider car ils se font embêter par leurs camarades de classe.
L'éducation japonaise a certainement besoin d'être revue. Au moins son système. Et ce n'est pas une loi qui vise à faire aimer son drapeau qui va donner une raison de vivre à ceux qui ne vont pas bien.
Hier, à l'occasion du vote de cette loi, l'opposition de gauche à boycotter le parlement. Et j'ai pu assister à une manifestation en face de mon lieu de travail. C'est rare une manifestation au Japon et en plus, ils étaient nombreux. Je suis très loin d'être communistes comme ceux qui protestaient hier, mais cela fait du bien de voir des voix qui sélèvent au Japon... (En tout cas, c'était plus sympa que l'extrême droite !)
Ah ! ce post, ça faisait un moment que je l'attendais, je vais me l'imprimer et me le relire à tt reposée. Merci Thomas pour cette tranche de vie !
Rédigé par : Cath | 18 novembre 2006 à 03:25
Je crois qu'Abe veut restaurer la notion de "patriotisme" dans les écoles et ça, ça peut devenir dangereux.
Quand au problème du Ijime, je m'étonne que personne n'ait encore mentionné la part de responsabilité des parents. Tout n'est pas à mettre sur le dos de l'école.
Rédigé par : pchan | 18 novembre 2006 à 15:13
Une de mes amies Japonaise est prof dans un lycee.Outre le fait que les eleves dorment en classe et que les sceances de menage collectif sont plus inutiles qu autre chose (enfin, ca c est mon appreciation suite a mes experiences dans des lycees japonais), elle m a explique qu elle etait au lycee du lundi au vendredi de 6h30 (une heure avant le debut des cours) a 19h et le samedi de 6h30 a 13h. Comme le ministere la mute d un etablissement a l autre regulierement (en gros tous les deux ou trois ans en fonction de l appreciation que le proviseur se fait d elle), elle ne peut demenager en permanence pour trouver un logement assez proche de son lieu de travail. A cote de ca en ne restant que peu d annees dans le meme etablissement, elle n a pas le temps de se lier avec les collegues. Heureusement elle est celibataire, je ne vois pas comment elle concilierait une vie de couple voire de famille avec ca (bon exemple de cause de baisse de la natalite je trouve...). Enfin, face a la pression que les eleves ont entre le IJIME, les examens d entree a la fac, le probleme des suicides etc. Elle se sent responsable et elle me faisait part de son desarroi car (et elle n a pas un cerveau de la taille d un sushi), elle ne voit pas bien comment elle peut vraiment aider les eleves dans un tel systeme et de telles conditions de travail.
Voila pour le commentaire. Sinon, je te salue Thomas, ton post est vraiment devenu tres classe. A bientot j espere...
Rédigé par : benjamin | 18 novembre 2006 à 15:19
pchan: effectivement, ici comme en Europe, l'école ne peut pas tout résoudre seule.
Ben: ça fait bail ! Je passe à Tokyo en janvier, promis. Merci pour ton commentaire.
Rédigé par : Thomas | 18 novembre 2006 à 15:24
la partie ou je dis que le blog est tres classe ou le reste ? ;-)
Rédigé par : benjamin | 18 novembre 2006 à 15:58
Pour tout !
Rédigé par : Thomas | 18 novembre 2006 à 16:10
C'est clair que pour l'occidentale que je suis, la pression que met la société sur les japonais (ou que les japonais se mettent eux-même) paraît presque incompréhensible.
Rédigé par : David | 20 novembre 2006 à 01:15